L’utilisation interne de l’argile verte (ou argile bentonitique, bentonite) est souvent préconisée pour ses prétendus bienfaits pour la santé, en particulier pour l’homme. Cependant, il existe surtout des preuves anecdotiques et, occasionnellement, des indications (!) scientifiques d’un bénéfice clinique. Une vaste méta-étude réalisée en 2017 se contente de conclure que les articles scientifiques examinés “suggèrent que la bentonite possède des propriétés suffisamment encourageantes pour justifier des recherches plus approfondies” [1].
Toxines
L’avantage le plus probable de l’argile verte est qu’elle lie les toxines (et les métaux lourds) à elle-même. Cependant, une approche plus efficace consiste à s’assurer que ces toxines ne rentrent pas dans le corps en premier lieu.
Aflatoxines
C’est particulièrement vrai pour les aflatoxines et certaines autres mycotoxines. L’argile verte est particulièrement efficace pour fixer ces toxines produites par les moisissures. En veillant à ce que le foin et les autres aliments pour animaux soient exempts de moisissures, vous pouvez déjà réduire ce risque à un minimum absolu.
La meilleure manière d’éliminer les toxines reste de s’appuyer sur un foie, des reins, un système urinaire et des intestins en bon état de fonctionnement. De plus, beaucoup d’exercice et une alimentation riche en fibres pour les intestins contribuent également à soutenir le système, déjà très efficace, par lequel le corps du cheval se débarrasse des toxines.
Métaux lourds
Un autre problème est que la qualité et la pureté de l’argile verte sont difficiles à contrôler, ce qui présente un risque d’empoisonnement au plomb, entre autres. (l’argile contaminée peut également contenir d’autres métaux lourds). C’est quand-même dommage si vous donnez de l’argile pour vous débarrasser des métaux lourds, n’est-ce pas?
Minéraux
L’utilisation prolongée de l’argile verte peut interférer avec l’absorption de minéraux essentiels, car l’argile lie ces minéraux et ne les rend plus suffisamment disponibles pour l’organisme. Incidemment, cette capacité d’absorption est – comme nous l’avons mentionné – exactement la raison pour laquelle l’argile verte est souvent utilisée pour lier les toxines et les métaux lourds. ‘You win some, you lose some’, dirons-nous.
Carences chroniques en minéraux
Une carence temporaire en certains minéraux peut être tolérable pendant un certain temps, mais en cas d’utilisation prolongée de l’argile, votre cheval pourrait être confronté à des problèmes tels que l’ostéoporose (due à une carence en calcium), des crampes musculaires et de la fatigue (carence en magnésium), un rythme cardiaque irrégulier et une pression artérielle élevée (carence en potassium).
Il faut dire que cette affirmation est basée sur les résultats d’études sur les rats, les chèvres, les chats et les humains et qu’elle n’a pas encore été démontrée comme telle chez les chevaux. D’où le choix des mots « pourrait être ».
Mais l’argile verte contient bien des minéraux, n’est-ce pas ?
L’argile contient en effet, selon sa source, une variété de minéraux (y compris le sodium, le calcium, le magnésium, le fer, le potassium, le manganèse, le cuivre, le zinc et le sélénium). Cependant, la biodisponibilité de ces minéraux et la mesure dans laquelle ils sont absorbés par les chevaux n’ont pas été suffisamment étudiées.
Flore intestinale
L’idée que l’argile pourrait favoriser la flore intestinale chez les rats a reçu un certain soutien scientifique [3], mais aucune recherche n’a encore confirmé cette hypothèse chez les chevaux.
Argile verte et SME / fourbure endocrinopathique
Une question qui revient de temps en temps aussi est si l’argile verte peut être utile pour les chevaux et les poneys atteints de SME ou d’une fourbure liée aux hormones. Nous pouvons être brefs à ce sujet : il n’y a pas de lien direct et prouvé entre l’utilisation interne de l’argile verte et le traitement de problèmes métaboliques tels que le syndrome métabolique équin (SME) ou la fourbure endocrinopathique. Les études scientifiques portant sur l’utilisation de l’argile verte dans le cadre de maladies métaboliques sont très limitées et ne s’intéressent pas spécifiquement aux chevaux.
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