Le seuil de tolérance à la douleur, la réaction aux changements du mode de vie, la capacité de récupération, tous ces aspects diffèrent d’un individu à l’autre. Les prévisions concernant la guérison sont donc difficiles à établir mais je vais faire une tentative. Savoir combien de temps il va falloir à ton cheval avant de se sentir mieux dépend en grande partie de la gravité de sa fourbure et de la rapidité à laquelle tu as pu réagir pour éliminer ce qui a causé cette fourbure et entamer un traitement. De bons vétérinaire et professionnels des soins aux sabots feront en sorte que cela ne dure pas plus que nécessaire. Et tu joues un rôle également très important. As-tu réussi à améliorer les conditions de vie de ton cheval ? Adapter l’alimentation, le mode d’hébergement et l’exercice physique sont des points indispensables à la guérison rapide d’un fourbu. Une fois que tout cela est réglé, un cheval fourbu pour la première fois par suite d’une cause extérieure (donc pas à cause d’un problème hormonal ou d’inflammations chroniques), si cette cause a été éliminée et qu’il n’y a pas de bascule ou de dommage de l’os du pied, devrait se remettre dans les six à douze semaines. Il lui faudra ensuite une bonne année avant que les tissus du pied qui ont été endommagés aient été complètement remplacés au fur et à mesure de la pousse de la corne.
En cas de bascule, de dommages sévères ou d’affaissement de l’os du pied, il faudra attendre beaucoup plus longtemps. Les dégâts peuvent être si graves qu’ils sont irréversibles. Un cheval dont l’os du pied est en grande partie déminéralisé (ostéoporose) restera plus ou moins fourbu.

Os du pied déminéralisé (photo : Claudia Garner)
Tant que ce qui a entraîné la fourbure n’est pas sous contrôle, ton cheval risque de rester fourbu ou de faire une rechute. Il en va de même si les conditions de vie ne sont pas améliorées. Si ton cheval ne peut pas bénéficier de sa liberté de mouvement, passe sa vie en box, mange une herbe ou des granulés trop riches en glucides, les résultats d’un analgésique ou d’un anti-inflammatoire risquent de se faire attendre. Même chose si les soins aux sabots sont mal faits ou suivant une méthode obsolète. Des hipposandales peuvent s’avérer très pratiques pour accélérer la guérison.

Dans quelques cas, le problème sous-jacent est inguérissable ou impossible à cerner. Certains chevaux avec un SME ou un PPID restent fourbus jusqu’à la fin de leur vie. Ils connaissent alors des périodes où tout va bien et des périodes plus difficiles. Ton travail consistera à limiter les dégâts et à traiter les complications éventuelles comme les abcès. Une perspective pas forcément agréable, mais une tâche noble et gratifiante.
Comment savoir à quel moment la fourbure est guérie ?
Tu sauras que la phase aiguë est passée lorsque tu ne verras plus les signes cliniques. Un Obel 0 est bien sûr une bonne nouvelle. Ton professionnel des soins aux sabots va voir aussi des choses que tu ne vois pas forcément. Si tu as des doutes, demande-lui s’il pense que le plus dur est passé. Si tu veux des certitudes, ton vétérinaire peut de nouveau procéder à un examen clinique et faire des radios. Une prise de sang et des radios peuvent clarifier les choses. Ces dernières surtout permettent de voir s’il n’est plus question de fourbure chronique. Ton vétérinaire peut aussi te dire si ton cheval n’est vraiment plus fourbu ou bien si ce sont seulement les signes cliniques que l’on a réussi à supprimer. Le degré de douleur n’est pas le meilleur indicateur de l’état réel. Certains chevaux ne montrent aucun signe de douleur alors que le dommage des tissus est encore très présent.
Comment faire reprendre progressivement le travail à mon cheval ?
Chic, ses sabots ont l’air d’aller de nouveau tout à fait bien. Je vais pouvoir seller mon cheval et recommencer à monter. Eh bien non. La fourbure n’est pas une maladie des pieds, tu t’en souviens ? C’est plus compliqué que cela. Et il faut pas mal de temps avant que ton cheval ne soit de nouveau « comme neuf ». La fourbure a affaibli le sabot et le corps a besoin de temps pour réparer les dégâts. Sois patient et laisse aux pieds la possibilité de se stabiliser avant de reprendre le travail. Il en va de même pour les problèmes sous-jacents. Ils ne sont sans doute plus graves au point de provoquer une fourbure mais ton cheval est peut-être encore en train de se remettre d’une inflammation par exemple. Demande ce qu’il en est à ton vétérinaire.
Lorsque tu décides de reprendre le travail fais-le pour ton cheval et pas pour toi. Dans un premier temps, monter est hors de question. Commence par faire tranquillement des promenades en main, les pieds bien parés
et protégés par des hipposandales. Tu peux aussi faire un peu de travail à pied ou jouer avec ton cheval. Propose-lui des interactions sociales avec d’autres chevaux, dispose le foin, l’eau, la pierre à lécher à distance les uns des autres ou crée un parcours dans le pré ou la carrière avec du ruban de clôture. Un « paddock paradise » permet de stimuler le mouvement.

Promenade dans un paddock paradise (photo : Marja van Run)
Ne recommence à monter que si tout exercice se déroule sans problème (grade 0 sur l’échelle de Obel), avec des semelles dans les hipposandales et si la sole est suffisamment épaisse. Ton professionnel des soins aux sabots te dira quand. Le vétérinaire peut le confirmer à l’aide de radios. Augmente graduellement la durée et l’intensité du travail. Commence par de courtes distances à une allure calme et modérée et n’en demande pas trop à ton cheval. Laisse-le décider où il veut mettre les pieds. Le travail à la longe ou dans un marcheur sollicite trop des pieds en plein rétablissement. Évite-le pour le moment.

Exercice forcé dans un marcheur (photo : Liz Kilroy)
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