Le fer est un minéral important dont les chevaux ont besoin, entre autres, pour transporter l’oxygène dans le corps. Mais un excès de fer est préjudiciable à la santé des chevaux. Il peut notamment provoquer un stress oxydatif et donc des lésions cellulaires et tissulaires. Il interfère avec l’absorption d’autres minéraux importants et peut supprimer la fonction immunitaire [1].
Hemochromatose
La principale cause de l’excès de fer chez les chevaux est l’apport alimentaire. Le fer entre dans le sang. Si le fer n’est pas éliminé par l’urine et le liquide biliaire, il s’accumule dans divers organes. On appelle ce phénomène l’hémochromatose. C’est notamment dans la rate, le pancréas, l’hypophyse, la peau, mais surtout dans le foie que se produit l’accumulation de fer.
Fer et dérèglement de l’insuline
Les résultats d’une étude de 2012 ont émis l’hypothèse qu’un excès d’oligo-élément fer dans l’organisme équin pourrait contribuer au développement ou à l’exacerbation de la résistance à l’insuline, un élément clé du dérèglement de l’insuline [2].
De plus, le fer est mieux absorbé dans le corps d’un cheval résistant à l’insuline que dans celui d’un cheval en bonne santé. L’excès de fer et la résistance à l’insuline se renforcent donc mutuellement dans ce scénario. Un cercle vicieux s’installe. Une étude réalisée en 2020 soupçonne également un lien entre la surcharge en fer et l’hyperinsulinémie – la deuxième composante majeure du dérèglement de l’insuline – chez les chevaux [3].
Les chevaux présentant un excès de fer ou un déséquilibre du cuivre, du zinc et du manganèse induit par un excès de fer ont souvent des sabots en mauvais état. Il s’agit notamment de fourbures inexpliquées, d’abcès récurrents, de muguet, de soles minces et de fissures dans la paroi du sabot.
Ils présentent parfois une peau écailleuse et une décoloration de la crinière et de la queue. Ils mangent souvent de la terre, de l’écorce d’arbre et des plantes que les autres chevaux ne mangent pas. Ils peuvent sembler apathiques. Chez les chevaux qui présentent ce type de signes, le vétérinaire peut décider d’effectuer un test sanguin ou hépatique.
Diagnostic de l’excès de fer à l’aide d’un test sanguin
Une analyse de sang porte sur trois valeurs : le taux de fer, le taux de ferritine et la saturation en fer. Si ces trois valeurs sont anormalement élevées, il s’agit d’une forte indication de la présence d’un excès de fer.
Taux de fer
Un taux de fer sanguin élevé est révélateur de la quantité totale de fer contenue dans la nourriture récemment consommée. Aucune conclusion ne peut être tirée sur cette base, mais il s’agit d’une indication.
Taux de ferritine
La ferritine est une protéine qui assure la liaison du fer lorsqu’il est stocké dans les cellules du corps. Lorsque la quantité de fer dans l’organisme augmente, les cellules se mettent à produire davantage de ferritine. Le taux de ferritine est donc une indication de la quantité totale de fer dans l’organisme.
Un taux de ferritine élevé peut donc indiquer un surplus de fer, mais les infections ou les inflammations dans le corps peuvent également entraîner une augmentation du taux de ferritine dans le sang. Il n’est donc pas utile d’effectuer ce test sanguin sur un cheval présentant une fourbure aiguë. Le résultat peut également biaiser les juments gestantes ou recevant un traitement hormonal pour améliorer leur fertilité, les chevaux atteints d’une maladie du foie et les chevaux présentant des niveaux élevés d’ACTH (par exemple, les chevaux atteints de PPID).
Saturation en fer
La transferrine est une protéine de transport du fer. Elle lie le fer à elle-même et le transporte vers le foie, entre autres. Pour déterminer la saturation en fer, on examine la quantité de fer que la transferrine peut encore se lier à elle-même. Plus cette valeur est faible, plus il est probable qu’il y ait un excès de fer.
Examen hépatique
L’accumulation de fer dans le foie ne peut être diagnostiquée avec certitude que par une biopsie du foie. S’il n’y a pas de signes cliniques d’accumulation de fer, il est inutile de procéder à cet examen coûteux et douloureux. L’échographie hépatique peut être utilisée pour visualiser la détérioration du foie..
Traitement et prévention
Si un excès de fer est effectivement détecté, il faudra prendre des mesures pour y remédier. Le traitement et la prévention consistent à diminuer la quantité de fer dans l’organisme, à favoriser l’absorption correcte du fer, à réduire les dommages causés par l’excès de fer et à limiter l’apport en fer.
Saignée
Pour réduire le taux de fer dans l’organisme, une saignée peut être effectuée. Le corps devra fabriquer du sang neuf. Pour ce faire, il a besoin de fer. L’organisme l’extrait du fer stocké dans le foie.
Remèdes et suppléments
L’aspirine favorise l’absorption du fer dans le côlon. Des recherches sont en cours sur le rôle de la vitamine E et du sélénium. Nous pensons qu’ils peuvent contrecarrer les dommages causés à l’organisme par l’excès de fer.
Limiter l’apport
Pour limiter l’apport en fer, il est judicieux de s’intéresser à certaines plantes qui peuvent pousser dans les pâturages. L’amarante, le plantain, la chicorée sauvage et le mouron des oiseaux contiennent des teneurs élevées en fer. Pour ce dernier, la teneur en fer peut être jusqu’à 40 fois supérieure à celle de l’herbe. Les chevaux consomment également du fer par l’intermédiaire de petits bouts de terre qu’ils ingèrent lorsqu’ils broutent.
Grondwater
L’eau des fossés et l’eau souterraine pompée (eau de puits) peuvent contenir trop de fer. Plus l’eau est pompée en profondeur, plus elle contient souvent du fer. En la mélangeant avec de l’eau du robinet ou de l’eau de pluie, on obtient une teneur en fer plus faible. Vous pouvez faire analyser votre eau des fossés ou l’eau souterraine, mais votre nez est également un bon test. L’eau à forte teneur en fer a une odeur étrange. Enfin, il existe aussi des techniques pour déferriser l’eau.
Supplements
Une troisième source de fer provient des aliments (concentrés) et des suppléments. Les compléments minéraux à large spectre (balancers) et les pierres à lécher minéralisés contiennent souvent des quantités très élevées de fer. C’est particulièrement le cas pour les pierres rouge brique. De nombreux aliments concentrés pour chevaux contiennent également trop de fer.
Malheureusement, la pulpe de betterave est aussi très riche en fer. La pulpe de betterave est souvent donnée aux chevaux atteints de fourbure parce qu’elle est pauvre en glucides non-structuraux et qu’elle peut remplacer temporairement l’herbe.
Si votre cheval reçoit un supplément de magnésium, préférez ne pas lui donner d’oxyde de magnésium. Celui-ci contient des quantités relativement élevées de fer. Le carbonate de magnésium est une meilleure alternative. Les compléments destinés à la croissance musculaire contiennent souvent du phosphate de calcium, qui est très riche en fer.
Soyez également très prudent avec les compléments alimentaires destinés à traiter l’anémie. Ils se reconnaissent souvent à un nom comme ‘haemo’ ou ‘ferro’. Sachez également que ces compléments sont inutiles dans la plupart des cas. Les carences en fer et les anémies d’origine alimentaire sont rares chez les chevaux.
Analyse de fourrage et de sol
Enfin, il est important de faire analyser votre fourrage par un laboratoire d’analyse des sols et des cultures. Le rapport fer:cuivre:zinc:manganèse devrait être de 4:1:3:3 pour les chevaux résistants à l’insuline. Le cuivre, le zinc et le manganèse peuvent même être légèrement plus élevés pour un cheval ayant un surplus de fer. Un excès modéré de ces éléments inhibe l’absorption du fer. Si le rapport est clairement différent de ce qui est mentionné ici, un supplément peut être utile. Surtout, n’expérimentez pas vous-même, mais faites appel aux connaissances, à la perspicacité et à l’expérience d’un nutritionniste équin.
Si l’alimentation du cheval est saine, naturelle et variée et qu’elle lui apporte les nutriments dont il a besoin, il n’est pas nécessaire de lui donner des compléments alimentaires. Pour les chevaux au pâturage, cela commence par un sol sain, qui fournit une riche variété de plantes apportant ces nutriments importants. Cela vaut la peine de se pencher sur ce sujet.
Le sol sur lequel pousse l’herbe peut être trop acide (pH faible). La plante d’herbe absorbe alors davantage de fer. C’est également le cas sur les sols humides. Le sol peut également contenir trop de fer. Vous pouvez faire analyser le sol. Ne vous concentrez pas uniquement sur le fer. N’oubliez pas qu’une analyse de sol n’est pas représentative de la quantité de minéraux finalement absorbée par la plante.
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