C’est l’hiver… Dans toute la France, il gèle à pierre fendre. La nuit, le sol durcit et le jour, dans certaines régions, le mercure stagne en dessous de zéro. Si cela ne pose aucun problème à la plupart des chevaux, certains cependant semblent avoir mal aux pieds et ont une démarche hésitante dans le pré ou le paddock. Que se passe-t-il ?
Sensible sur sol gelé
Pour le cheval qui vient d’être déferré ou dont les problèmes de pied en cours ne lui permettaient pas encore d’être à l’aise sur un sol dur et irrégulier, cette sensibilité s’explique facilement. Installe-le sur une surface plus douce, ou mets-lui provisoirement des hipposandales. Il pourra alors bouger suffisamment, ce qui va stimuler la circulation sanguine et donc la guérison. Et puis cela lui évitera des contusions de la sole et de la fourchette.
Fourbure aiguë ?
Mais si ton cheval présente des signes cliniques plus caractéristiques d’une fourbure aiguë que d’une sensibilité passagère due au sol, vérifie si l’alimentation n’est pas en cause. A-t-il eu des rations plus importantes ? L’aliment a-t-il été modifié ? As-tu reçu un nouveau lot de foin à plus forte teneur en sucre ? A-t-il pu voler de la nourriture ?
L’herbe d’hiver peut aussi être la coupable. Si ton cheval est en pâture, sors-le immédiatement du pré. Pendant les journées froides et ensoleillées, les taux de sucre de l’herbe peuvent atteindre des niveaux dangereux pour les chevaux SME, résistants à l’insuline. Ne donne que du foin grossier, riche en fibre et pauvre en sucre et amidon (<10%). Si tu ne connais pas ces taux, fais tremper le foin pour en diminuer les sucres. Mets une pierre à sel à disposition et donne un supplément de magnésium. Appelle ton professionnel des soins aux sabots et le vétérinaire.
Fourbure d’hiver
L’autre explication des pieds douloureux pendant le froid hivernal est un phénomène qu’on appelle « la fourbure d’hiver » alors qu’en fait, il ne s’agit pas d’une fourbure. Le « syndrome du pied froid » serait une meilleure dénomination. Une chute brutale des températures stimule les glandes surrénales à produire plus de cortisol. Cette hausse du taux de cortisol a non seulement un effet négatif sur la résistance à l’insuline en général, mais entraîne aussi une vasoconstriction. Par ailleurs, un organisme en bonne santé́ produit plus d’hormones thyroïdiennes pour lutter contre le froid, mais chez les chevaux résistants à l’insuline, cette production sera trop faible.
Ces deux phénomènes, élévation du cortisol et manque d’hormones thyroïdiennes, vont donc réduire le flux sanguin vers les sabots. Pour les chevaux insulinorésistants ou souffrant déjà de fourbure, le problème est aggravé par une irrigation sanguine des sabots qui était déjà mauvaise, à cause de vaisseaux endommagés et de microthromboses. Tout cela provoque des douleurs qui empirent lorsque le cheval se déplace sur des surfaces gelées ou inégales. La douleur et le stress qui en découlent augmentent la production de cortisol, créant ainsi un cercle vicieux.
Chevaux à risque
Les chevaux atteints de PPID ou de SME / dérèglement de l’insuline ou les anciens fourbus sont très sensibles à cette « fourbure d’hiver ». Pourquoi ? Tout simplement parce que tous les chevaux atteints de SME sont résistants à l’insuline, ce qui est également le cas chez 60 % des chevaux atteints de PPID. Quant aux anciens fourbus leurs vaisseaux sanguins endommagés les ont rendus plus vulnérables. Pour y remédier et les protéger, on peut appliquer quelques mesures comme suit.
Protéger son cheval contre le froid
Dans des circonstances normales, la plupart des chevaux peuvent se passer de couvertures, mais cette situation demande à ce que l’on fasse une exception. Un cheval touché par une « fourbure d’hiver » devra être protégé du froid. Une bonne couverture imperméable avec une doublure en polaire, des protections de transport doublées de polaire, des hipposandales, peuvent faire la différence. Sans oublier un bon abri, paillé ou avec une litière de copeaux, ouvert vers le sud-ouest, où ton cheval pourra s’abriter de la pluie et du vent. Pendant la journée, surveille de près la température de ton cheval, s’il fait très beau et qu’il n’y a pas de vent, il peut avoir trop chaud sous sa couverture.
Foin
Lorsqu’un cheval se retrouve tout à coup sans rien à manger ou presque, notamment en cas de grosses chutes de neige qui l’empêchent de brouter, une hyperlipidémie (concentration élevée de graisses dans le sang) peut survenir. Celle-ci provoque une vasoconstriction et contribue ainsi à cette « fourbure d’hiver ». Il faut donc assurer à ton cheval une quantité de foin suffisante.
Mouvement
Si tu as à ta disposition une surface au sol souple (un manège couvert, par exemple), choisis cet endroit pour y faire marcher tranquillement ton cheval, éventuellement avec des hipposandales. Cela va améliorer la circulation sanguine de ses pieds. Évite toute forme de stress car l’organisme produit davantage de cortisol en cas de stress.
Médicaments, compléments et thérapies
Le vétérinaire peut prescrire de la L-arginine, un acide aminé à l’effet vasodilatateur. Le phytothérapeute peut donner de la cannelle, de la rhodiola rosea, du jiaogulan (herbe de l’immortalité) ou du rhizome de gingembre. Ces plantes ont également un effet vasodilatateur. Le gingembre inhibe aussi la production de cortisol et a des effets à la fois réducteurs de stress et analgésiques.
Ne te lance pas au hasard dans l’utilisation de ces plantes sans avoir consulté au préalable un phytothérapeute pour connaître les bonnes doses et savoir s’il risque d’y avoir des interactions avec les médicaments administrés à ton cheval.
Drainage lymphatique et massages
Le drainage lymphatique manuel stimule la circulation sanguine. Tu peux aussi faire un massage à ton cheval. En raison de ses pieds douloureux, tout son corps appréciera cette attention supplémentaire. La relaxation et la stimulation de la circulation sanguine ont un effet bénéfique.
Huiles essentielles
L’irrigation du sabot peut être favorisée par un mélange d’huiles essentielles de romarin et de genévrier. Mélange dix gouttes d’huile de romarin et cinq gouttes d’huile de genévrier à 100 ml d’huile de jojoba. Masse bien toute la jambe jusqu’au bord de la couronne avec ce mélange.
Mais le temps finit par guérir tous les maux. Les conditions météorologiques s’améliorant, les troubles s’atténueront peu à peu, le flux sanguin vers les sabots se fera mieux et la douleur diminuera.
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Mon cheval souffre de la fourbure d’hiver. Depuis je lui ai mis des bandes, pour tenir au chaud ses membres antérieurs comme postérieurs, depuis il n ‘ y a plus de problème.
Essayer de bien couvrier aussi la couronne, c’est assez difficile, la bande tiens que difficilement. Si possible on peux utiliser les cloches pour tenir d’avantage les bandes
Chaque année, c’est un gros problème. A partir de -15, le froid déclenche une crise. Idem, bandes bien chaudes, et éventuellement packs chauds dans des hipposandales. Malheureusement, les vétérinaires méconnaissent le problème. Pour eux, on traite la fourbure par le froid, et donc le froid est Bon! Et qu’en est-il des sabots poreux, dans lesquels la glace s’incruste, provoquant de grosses douleurs. Difficile de faire fondre la glace quand les températures restent négatives. Là encore, les hipposandales sont bienvenues, gardant les pieds au sec.
Merci pour cet article !
Je suis dans le même cas que vous. Mon fourbu est pas bien en ce moment avec ces températures. Est ce que vos chevaux sont au près en hiver avec les bandes? Je vais prendre en compte vos astuces qui pourront l aider j espere. Merci.
Pour ma part, en box sans bandes la nuit, avec une très épaisse litière de copeaux, et bandes au pré la journée. Les guêtres de repos sont me semble-t-il une bonne solution aussi, mais encore faut-il trouver la bonne taille.