Le traitement du PPID est relativement simple : il nécessite l’administration quotidienne d’un comprimé contenant de la pergolide, qui compense le manque d’hormone dopamine chez les chevaux atteints de PPID. Cela permet de normaliser l’hypophyse déréglée et de réduire les troubles quotidiens du cheval. Cependant, malgré la facilité d’améliorer la santé et la qualité de vie de la plupart des chevaux atteints de PPID, l’adhésion au traitement semble être faible.
Adhésion au traitement : la mesure dans laquelle le propriétaire du cheval ou toute autre personne responsable administre le bon médicament, à la bonne dose, au bon moment et de la bonne manière.
Recherches scientifiques
Une vaste étude réalisée en 2021 a examiné les dossiers cliniques de 110 chevaux, les résultats des tests sanguins ainsi que les commentaires des propriétaires. Elle a révélé que plus de la moitié des propriétaires (52 %) ne suivaient pas la posologie recommandée par le vétérinaire ni la fréquence à laquelle le médicament devait être administré [1]. Plus le cheval est âgé, moins les conseils du vétérinaire sont suivis. C’est particulièrement le cas pour les chevaux âgés de 26 ans et plus, pour lesquels l’adhésion des propriétaires aux médicaments n’était que de 17 %. Cette attitude est similaire à la volonté plus faible des propriétaires de vacciner et de vermifuger systématiquement les chevaux plus âgés [2], mais ceci mis à part.

Mais, bien sûr, cela ne s’applique pas à votre cheval.
(photo : Flo Dnd)
Le pergolide est victime de son propre succès
Lorsque nous commençons le traitement au pergolide, le taux d’ACTH (l’hormone hypophysaire qui nous intéresse le plus) diminue immédiatement et de manière significative [3]. Il y a un risque que cela compense ou même augmente le manque d’adhésion aux médicaments. Lorsque les effets du médicament sont clairement positifs, il est tentant pour certains de réduire la dose. Cependant, la diminution des niveaux d’ACTH diminue progressivement avec le temps. Par conséquent, le médicament peut devenir victime de son propre succès, car nous sommes moins motivés pour revenir sur notre décision de baisser le dosage. Et si l’on ne procède pas à un nouveau test, on ne connaît pas l’état des valeurs sanguines. Les résultats de l’étude montrent que les propriétaires qui ne suivent pas bien le traitement sont également moins enclins à faire effectuer un nouveau test sanguin.
Les Shetlands sont une histoire à part entière
L’étude a également révélé que si le patient est un poney Shetland, l’observance du traitement et la volonté de vérifier l’effet du traitement par une deuxième analyse sanguine sont significativement plus faibles que chez les propriétaires d’autres races. Les chercheurs suggèrent que cela pourrait être dû au fait que les Shetlands sont parfois un peu têtus et donc plus difficiles à “convaincre” de l’importance d’une dose quotidienne de pergolide. Est-ce que l’on entend les propriétaires de Shetlands ricaner affirmativement ?

(photo : Rhys Fradley)
La taille modeste et le poids corporel associé peuvent également être un facteur. Un poney de 150 kg devrait recevoir 1/3 de cachet. Essayez de doser cela avec précision avec des pilules qui ne peuvent être cassées qu’en deux ou quatre. Faire des pieds et des mains pour faire avaler chaque jour des morceaux de pilule à un poney rebelle n’est pas une formule qui garantit l’adhésion au traitement.

Naviguer à l’aveugle sur les valeurs sanguines
Bien que la moitié des chevaux ait reçu une dose de pergolide inférieure à la dose recommandée, les chercheurs n’ont pas observé que cela se reflétait proportionnellement dan les résultats de laboratoire. En d’autres termes, chez les chevaux sous-dosés, les taux sanguins ont néanmoins diminué. De plus, le tableau clinique de certains chevaux s’est amélioré même avec une dose de pergolide non optimale d’un point de vue scientifique [4].
Barre de cassure
Cela peut s’expliquer de plusieurs façons. Tout d’abord, un cheval peut avoir besoin de moins que ce qui est indiqué sur l’ordonnance [5]. Il n’existait précédemment qu’une seule marque (Prascend™). Comme ces comprimés ont une seule barre de cassure, il est plus facile de penser en termes de comprimés entières et de demi-comprimés. Un comprimé entièr est trop pour les chevaux qui ont besoin de trois quarts. Si l’on n’en donne que la moitié, on sous-traite et on tombe donc dans le redoutable 52 %, mais il est possible que cela améliore tout de même la numération sanguine. Heureusement, il existe maintenant des comprimés d’une autre marque (Pergoquin™) que vous pouvez sécabler en quatre. Et sinon, il y a toujours le coupe-comprimé.

Une deuxième explication, selon les chercheurs, est la chute importante des niveaux d’ACTH immédiatement après le début du traitement. Dans cette phase initiale, l’effet de l’oubli d’un comprimé de temps en temps peut être moins perceptible lors d’une prise de sang. Et si le propriétaire recommence le traitement dès qu’il s’alarme dans son agenda que le vétérinaire passera dans quelques jours pour la deuxième prise de sang, les valeurs sanguines s’amélioreront aussi immédiatement.
Résultat faux positif
Enfin, il peut s’agir simplement d’une erreur de diagnostic ou d’un résultat de test sanguin faussement positif. En particulier, si les signes cliniques ne sont pas concluants et que le taux d’ACTH dépasse juste le seuil critique ou si le test sanguin a été effectué au tout début ou à la fin de l’augmentation saisonnière, l’amélioration pourrait être attribuable à d’autres facteurs que le médicament. Le changement de saison ou la modification d’autres facteurs susceptibles d’augmenter l’ACTH (notamment la douleur, le stress et l’effort physique) ont alors fait le travail.
Tableau clinique
N’oubliez pas non plus que le tableau clinique est est aussi crucial que la numération sanguine. Se fier aveuglément aux seules valeurs sanguines pour le diagnostic et le traitement n’est pas judicieux. Ne serait-ce que parce que la détermination de l’ACTH ne permet d’identifier correctement un cheval comme étant positif au PPID que dans sept cas sur dix [6].

Alors, en hausse la dose ?
Mais si nous considérons les chevaux dont les valeurs ne s’améliorent pas, voire augmentent, nous nous heurtons à un autre problème. En particulier si le tableau clinique ne s’améliore pas, la plupart des vétérinaires choisiront d’augmenter la dose. Cela s’explique en partie par le fait que les vétérinaires surestiment souvent de manière significative l’adhésion thérapeutique de leurs clients [7]. Au lieu de supposer que le pergolide n’est pas suffisamment efficace, il serait prudent de vérifier d’abord le dévouement et la persévérance du propriétaire.
Si ces derniers laissent à désirer, il est important de comprendre pourquoi. Est-ce la peur des médicaments et de leurs éventuels effets secondaires en général, ou du pergolide en particulier ? Est-ce le prix élevé ? Le cheval refuse-t-il sa pilule ou est-il difficile d’administrer la bonne dose quotidiennement pour des raisons pratiques ? Des conseils sur la manière de surmonter ces obstacles sont beaucoup plus efficaces qu’une augmentation de la dose.

Tous les nez dans la même direction
Outre le dévouement et la persévérance dans l’administration des médicaments, le degré d’accord entre vous et le vétérinaire sur le traitement choisi influe également sur la fidélité avec laquelle vous donnez les cachets à votre cheval. Il se peut aussi que l’objectif du traitement ne soit pas encore tout à fait clair pour vous. En outre, la’dhésion au traitement augmente si vous vous sentez impliqué dans la décision du vétérinaire de prescrire un médicament. Il est également possible que vous ayez tant de mal à accepter que votre gentil vieux cheval soit atteint d’une maladie grave que vous restiez dans le déni pendant un certain temps et que vous ne vouliez donc pas lui donner de médicaments.
La même chose s’applique à tous ces scénarios : demandez conseil, posez des questions et exprimez vos préoccupations. Plus vous en savez, mieux vous communiquez. Et ça, c’est toujours une bonne chose pour votre cheval.
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Mes livres ont évidemment été traduits par des traducteurs très professionnels. En revanche, j’ai traduit cet article moi-même. Le français n’est pas ma langue maternelle. Du coup, si vous repérez une erreur étrange dans le texte, veuillez m’en informer en laissant un commentaire ci-dessous. Merci.