Prévention de la fourbure : lettre ouverte aux professionnels des soins aux sabots

‘« Coucou, tout le monde. Merci pour l’ajout. Je viens vers vous pour des conseils. Je suis inquiète pour mon cheval. On l’a depuis quelques mois maintenant et soudain, il commence à être un peu sensible sur ses sabots. Un ami m’a dit qu’il pourrait s’agir d’une fourbure. Qu’est-ce que c’est exactement ? Que dois-je faire ? ».

Médias sociaux

Si on lit des articles sur la fourbure sur les médias sociaux, on remarquera que beaucoup de personnes rencontrent ce problème pour la première fois. Leur motivation à faire le meilleur pour leurs chevaux est sans aucun doute très forte. Ce qui leur manque, cependant, c’est la connaissance et l’expérience nécessaires pour reconnaître les facteurs de risque et les premiers signes de fourbure. C’est l’une des raisons pour lesquelles les choses ont mal tourné. Il aurait été formidable que quelqu’un ait partagé ses connaissances et son expérience à un stade précoce, ait donné des conseils et montré la voie.

On s’inquiète de voir son loulou fourbu
(photo : Raphael Andres)

Le professionnel de soins aux sabots

La meilleure personne pour aider à prévenir la fourbure est vous, le professionnel de soins aux sabots, avec toutes vos connaissances et votre expérience et la bonne relation que vous avez avec vos clients. Vous pouvez utiliser chaque contact, que ce soit pendant la session de parage, par e-mail, par téléphone ou par les réseaux sociaux. En bref : informez, conseillez, motivez. De plus, vous pouvez être le lien entre le propriétaire du cheval et les professionnels qui en prennent soin.

Nutrition

Prenons l’exemple de la nutrition. Malgré la grande disponibilité d’informations sur les besoins alimentaires d’un cheval, les propriétaires de chevaux en général en savent trop peu sur ce sujet. Ils ont tendance à surestimer les besoins alimentaires et énergétiques de leur cheval. Des recherches menées en 2009 ont montré que la moitié d’entre eux ne savaient pas quelle quantité de foin un cheval devait manger par jour pour garder un bon poids. Il est également à noter que soixante-dix pour cent des propriétaires interrogés ont déclaré utiliser des modifications alimentaires pour répondre à des problèmes médicaux ou comportementaux. Nombreux sont ceux qui ignorent quel peut être l’effet ultérieur sur le poids ou le métabolisme de l’insuline. Le fait que, dans une autre enquête, six propriétaires de chevaux sur dix ont déclaré qu’ils augmentaient la quantité de foin pour lutter contre les comportements stéréotypés (aérophagie, lignophagie, tic de l’ours, etc.), fait craindre le pire.

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Les besoins alimentaires et énergétiques d’un cheval sont souvent surestimés

Le professionnel de soins aux sabots comme source d’information

Les propriétaires de chevaux sont bien conscients de leur manque de connaissances et de compréhension. Dans une étude australienne de 2016, près de trente pour cent des personnes interrogées ont indiqué un besoin de formation et de cours sur la fourbure, l’obésité et les problèmes d’insuline. Une fois sur cinq, une meilleure information et une meilleure communication ont été mentionnées. Malheureusement, le besoin explicite d’informations fiables et actualisées ne reflète pas toujours les pratiques. Les nutritionnistes sont encore trop peu consultés et la littérature spécialisée reste longtemps sur la liste des souhaits.

Et cela n’aide pas que les algorithmes de Facebook et Google nous présentent de plus en plus les mêmes informations. Heureusement, voici le professionnel de soins aux sabots. Diverses études ont montré que, après le vétérinaire, il est la source d’information la plus fréquemment consultée sur les soins aux chevaux. C’est un bon signe. Une information actualisée, complète et correcte est un élément indispensable si l’on veut prévenir la fourbure.

Relation professionnelle

Comment la relation professionnelle entre le professionnel de soins aux sabots et le propriétaire du cheval peut-elle être façonnée au mieux pour être aussi efficace que possible en matière de prévention ? Cela ressemble à une porte ouverte, mais il faut avant tout qu’il y ait une compréhension mutuelle. Une personne qui fait passer le bien-être du cheval avant son utilisation et ses performances ne se sent pas bien avec un maréchal-ferrant qui travaille principalement avec des solutions techniques et ne prête pas assez attention à l’importance des changements de régime alimentaire, d’hébergement, d’exercice et de soins des sabots. Les propriétaires qui mesurent la qualité de leur maréchal-ferrant principalement en fonction du temps que les fers restent attachés n’accueilleront pas volontiers les commentaires et conseils non sollicités concernant le poids ou le régime alimentaire de leur cheval.

Information et communication

La meilleure chance de succès dans la prévention de la fourbure est la combinaison d’un propriétaire de cheval axé sur le bien-être du cheval et d’un professionnel de soins aux sabots moderne qui examine tous les facteurs importants et leur interconnexion. En général, l’échange d’informations se déroulera sans problème avec cette combinaison. Le propriétaire du cheval posera des questions, et celles-ci sont les bienvenues, même si elles sont de nature critique. Il s’agit maintenant de savoir si vous pouvez répondre correctement aux questions. Vous devez avoir les bonnes connaissances et informations. Un bon professionnel de soins aux sabots se tient au courant des évolutions dans son domaine, au sens large du terme. Ce domaine, qui implique le transfert d’informations, comprend également la nutrition, l’hébergement et l’exercice physique. Il va de soi que vous êtes bien informés sur les causes et l’évolution de la fourbure, du syndrome métabolique équin (SME) et du PPID. En maintenant vos connaissances à jour, vous créez une autorité qui est appréciée à la fois par vos clients et par leur vétérinaire.

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Un bon professionnel de soins aux sabots se maintient à jour dans sa profession

Niveau de connaissance

Assurez-vous de connaître le niveau de connaissance de vos clients. Ont-ils des connaissances de base sur l’anatomie du sabot ? Savent-ils ce qu’est une fourbure et quelles en sont les conséquences ? Connaissent-ils le lien entre l’obésité et la fourbure ? Comblez les lacunes de leurs connaissances en leur expliquant ou en les orientant vers de bonnes sources d’information accessibles. Le livre « La fourbure en questions : plus de 200 réponses » est un bon point de départ.

Volonté de changer

Faites-vous une idée de la volonté de votre client de changer. Dès qu’elle augmente, adaptez votre stratégie de communication en conséquence. Si la vision d’une approche axée sur le bien-être est encore nouvelle pour votre client, vous devrez faire de petits pas au début et faire preuve de beaucoup d’enthousiasme et de récompense. Même si vous voyez que beaucoup de choses doivent changer avant d’être optimales.

Circonstances 

Considérez les circonstances. Les fonds disponibles, le temps, l’aide des membres de la famille et un manque d’options à l’écurie peuvent être des facteurs limitants. Si vous les ignorez dans vos conseils, vous pouvez être sûr que vos paroles ne seront pas entendues. Même si l’on pense que ce propriétaire ne devrait pas avoir de chevaux s’il n’a pas le temps et l’argent pour cela, cela n’aidera pas le cheval. Bien sûr, vous réfléchissez à des solutions créatives ensemble avec votre client.

Aptitudes à la communication

Pour avoir de bonnes chances que les informations soient saisies, vous devez être capable de bien communiquer. Adaptez votre langage à la personne en question. Certains de vos clients sont encore au collège, d’autres ont un doctorat. Certains veulent des conseils courts et concis, presque sous la forme d’un manuel ou d’une liste de choses à faire, tandis que d’autres absorbent mieux l’information si vous utilisez des comparaisons, des diagrammes, des dessins et parfois une petite plaisanterie. Posez des questions ouvertes et écoutez attentivement les réponses. Plus vous entendrez d’excuses et de subterfuges, mieux vous saurez où progresser. Vérifiez également que vos explications sont bien comprises.

Conseils applicables

Les conseils que vous donnez doivent être applicables. Cela n’aide pas un propriétaire de cheval si vous lui dites de se procurer du bon foin dans un département de l’autre côté de la France, alors que son cheval est dans une pension où le propriétaire ne permet pas qu’on lui donne autre chose que des granulés et des céréales. Il est préférable de suggérer qu’il est temps de chercher un autre lieu pour le cheval, où il y a plus de possibilités. Peut-être même connaissez-vous une bonne adresse. De cette façon, vous montrez les limites et stimulez le changement, sans juger ni démotiver.

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Il est temps de trouver une nouvelle adresse
(photo : Ian Schneider)

N’attendez pas

Commencez à fournir des informations dès le début. N’attendez pas que les premiers signes de fourbure ou un facteur de risque soient évidents. Il est agréable de parler de la pluie et du beau temps, mais la santé et les conditions de vie du cheval sont également des sujets importants. Les propriétaires de chevaux inexpérimentés, qui n’ont jamais eu de cheval auparavant, apprécient particulièrement cela. Par exemple, parlez du risque de fourbure après le poulinage, lorsque vous entendez les bonnes nouvelles concernant le poulain qui arrivera. 

Les juments qui viennent de mettre bas courent un risque accru
(photo : Hippopx)

Connaissez vos limites

Vous devez également savoir où se trouvent les limites de vos propres connaissances et, lorsqu’elles sont atteintes, encourager vos clients à demander conseil à d’autres professionnels, tels qu’un nutritionniste, un vétérinaire ou un « bootfitter ».

Confiance

Le lien entre le professionnel de soins aux sabots et le propriétaire orienté vers le bien-être du cheval est souvent de longue durée. Ce type de propriétaire ne change pas de professionnel de soins aux sabots tous les quatre matins, car il gagne de plus en plus de confiance en vous. On dit que la confiance est une chose qui se gagne difficilement et se perd facilement. Soyez donc prudent avec la confiance accordée. Si vous pouvez suivre un cheval pendant une longue période, vous aurez un tableau de plus en plus complet de tous les facteurs. Vous serez mieux à même d’intervenir si vous voyez un risque de fourbure qui émerge.

Responsabilité partagée

Le type de propriétaires de chevaux dont nous parlons ici est axé sur la confiance mutuelle. Ils demandent un feed-back ciblé pour améliorer la façon dont ils gardent leurs chevaux. Ils s’attendent à partager avec vous la responsabilité pour la santé des sabots et veulent développer ensemble des stratégies de résolution de problèmes. Ils ne vous reprocheront pas trop vite les éventuelles rechutes pendant le processus de guérison de la fourbure.  Le propriétaire cliché qui met l’utilisation et la performance du cheval au premier plan, qui change de maréchal-ferrant aussi souvent que de chaussettes et qui est généralement absent lorsque son cheval est ferré peut avoir une attitude légèrement différente.

Le professionnel des soins aux sabots comme source de motivation

Quand quelqu’un s’efforce d’améliorer les conditions de vie de son cheval afin de prévenir la fourbure, cela coûte du temps, de l’argent et des efforts. L’insécurité est également en jeu. « Est-ce que j’en fais assez et est-ce que je le fais bien », est une question courante. En répondant à cette question, vous aidez votre client à prendre confiance en lui. Il poursuivra avec une double force le chemin suivi lorsqu’il entendra de votre part comment vous le voyez, quels progrès il fait et où il y a encore des possibilités d’amélioration. Faites des compliments sincères et des critiques constructives. Un propriétaire de cheval motivé peut faire toute la différence pour un cheval qui se trouve au bord de la fourbure.

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(photo : Chase Clark)

Le professionnel des soins aux sabots comme intermédiaire

Vous pouvez jouer un rôle important dans la lutte contre la fourbure en étant le lien entre votre client et le vétérinaire. Le vétérinaire a un statut élevé qui fait parfois obstacle à une bonne communication, en particulier pour les propriétaires jeunes et inexpérimentés. La différence de statut est parfois trop importante pour le vétérinaire aussi, mais dans l’autre sens. Les vétérinaires peuvent être plus enclins à accepter des informations ou des découvertes de votre part que de celle d’une jeune fille de seize ans.

Observateur objectif

Vous voyez les chevaux plus souvent et plus longtemps que le vétérinaire. Vous les voyez également lorsqu’ils sont en bonne santé et pouvez donc observer des changements subtils, avant même que le propriétaire ne le fasse. Vous êtes également mieux à même de nommer ces choses chez le vétérinaire, car vous maîtrisez le jargon. En outre, vous avez moins de liens émotionnels avec le cheval, ce qui vous permet de donner une image plus objective. Comme vous voyez les changements plus tôt, vous pouvez conseiller votre client à temps pour obtenir l’avis du vétérinaire. N’oubliez pas que c’est la première fois que de nombreux propriétaires sont confrontés à une fourbure. Un petit effort de votre part peut parfois empêcher un cheval de tomber malade.

Un pour tous, tous pour un

Si vous n’êtes pas d’accord avec le vétérinaire sur la bonne approche, dépassez votre fierté. Travaillez sur une relation professionnelle saine. Bien sûr, il y a des limites à cela. Travailler avec un vétérinaire qui qualifie votre approche des pieds nus et des hipposandales d’absurdité à la mode n’est pas possible. Ce n’est pas non plus agréable pour votre client d’être pris entre deux feux. Conseillez-lui de trouver un autre vétérinaire ou un autre professionnel de soins aux sabots. Un propriétaire qui se range entièrement du côté du vétérinaire décrit ici ne sera de toute façon pas ouvert à votre démarche.

Le gérant de la pension

Vous pouvez également établir une relation professionnelle avec le propriétaire de la pension qui est bénéfique pour le cheval. Prenons un cliché : l’homme grincheux, un peu âgé, qui est “dans le business des chevaux” depuis 40 ans. Il n’acceptera pas qu’une jeune fille lui demande de donner à son poney autre chose que ce que reçoivent tous les autres chevaux. Ne parlons même pas du pâturage en bandes. Vous aurez plus de chances de réussir en tant que professionnel. Surtout si vous pouvez créer une atmosphère un peu conviviale.

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Même ce gérant changera d’avis (on espère)

Des cercles dans l’eau

En travaillant de la manière décrite ici, les vétérinaires de votre secteur de travail conseilleront plus souvent à leurs clients de vous demander votre aide. Les gérants de pension penseront d’abord à vous quand un cheval commencera à être sensible. Vos clients parlent de vous en termes élogieux à leurs amis à l’écurie. Tous ces amoureux des chevaux transmettront aux autres ce qu’ils auront appris de vous. Il se répand comme des vagues circulaires dans l’eau. Vos connaissances, votre perspicacité et votre expérience, et votre volonté de regarder plus loin que la longueur de votre râpe à sabots vont maintenant pouvoir préserver des centaines de chevaux de la douleur et de la misère de la fourbure. 

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