Les fibres de psyllium sont un complément alimentaire très utilisé chez les équidés, notamment pour prévenir et traiter la colique sableuse. Mais le psyllium offre bien plus que seulement le soutien à la santé gastro-intestinale. On sait que chez l’homme, le psyllium peut avoir un effet positif sur la sensibilité à l’insuline, les niveaux de sucre dans le sang et le poids corporel [1]. Mais qu’en est-il pour nos chevaux?
Recherche sur les effets du psyllium chez les chevaux
Des recherches menées en 2011 ont mis en évidence une amélioration du contrôle glycémique chez des chevaux ayant reçu du psyllium sur le long terme [2]. Ces animaux présentaient des taux de glucose et d’insuline sanguins plus faibles après ingestion d’un repas riche en sucre, ainsi qu’une atténuation des pics glycémiques. Ces résultats sont prometteurs pour l’utilisation du psyllium dans la prise en charge du SME (Syndrome Métabolique Équin), une pathologie marquée par des troubles de la régulation de l’insuline (dérèglement de l’insuline).
Effets sur la glycémie et l’insulinémie après la prise alimentaire
Cette étude a évalué l’impact du psyllium sur la glycémie et l’insulinémie équine. Pendant 60 jours, des chevaux ont reçu quotidiennement des doses de psyllium allant de 90 à 270 grammes, en complément d’une ration de foin et de concentrés. Les résultats ont montré que les chevaux supplémentés en psyllium présentaient des taux de glucose et d’insuline sanguins significativement plus faibles après ingestion d’un repas riche en sucre, comparés au groupe contrôle.
Effets après une perfusion de sucre
Une deuxième expérience a consisté à induire une hyperglycémie artificielle (perfusion de sucre) chez les chevaux afin d’évaluer l’effet du psyllium sur la régulation glycémique. Les résultats ont montré que les chevaux supplémentés en psyllium présentaient des pics glycémiques moins élevés par rapport au groupe contrôle. En revanche, les pics d’insulinémie étaient similaires dans les deux groupes.
Limitations de l’étude
Bien que ces résultats concernant la glycémie soient intéressants, il est important de souligner que les chevaux inclus dans cette étude étaient bonne santé et ne présentaient ni de troubles métaboliques ni d’obésité. Par conséquent, les bénéfices observés ne peuvent être généralisés avec certitude aux chevaux souffrant de SME, d’insulinorésistance ou d’excès de poids.
A part cela, nous savons depuis longtemps qu’il ne faut pas donner de repas sucrés aux chevaux. Par conséquent, administrer du psyllium après un repas riche en concentrés pour atténuer les pics glycémiques revient à vouloir réparer une digue avec un doigt. Heureusement, les chercheurs en sont également convaincus. Ils disent dans leur publication : « les conditions idéales pour l’état physique, mental et digestif d’un cheval consistent à brouter de l’herbe de pâturage mature de qualité moyenne à volonté tout au long de la journée ».
Effet sur le poids corporel et la répartition de la masse grasse
Une étude antérieure, menée en 2009 par les mêmes chercheurs, avait également évalué l’impact du psyllium sur le poids corporel et la circonférence d’encolure (indicateur d’adiposité). Contrairement aux attentes, aucune perte de poids n’a été observée chez les chevaux supplémentés en psyllium. L’étude a même révélé une légère augmentation du dépôt de graisse au niveau du cou chez ces derniers [3].
Par ailleurs, les résultats concernant la glycémie et l’insulinémie étaient eux aussi peu concluants. Les pics d’insuline étaient même plus élevés chez les chevaux traités au psyllium par rapport au groupe contrôle. Face à ces résultats, les chercheurs ont émis l’hypothèse que la faible taille de l’échantillon (8 chevaux) dans la première étude pouvait influencer les résultats. Ils ont donc doublé le nombre de sujets pour l’étude de 2011, portant ainsi l’effectif à 16 chevaux.
Psyllium et pâturage sur herbe riche en sucre
Une thèse réalisée en 2013 a exploré les effets du psyllium sur la glycémie, l’insulinémie et l’obésité chez des chevaux pâturant sur des herbages riches en sucres. Cette étude se distingue des précédentes en ce sens qu’elle a porté sur des chevaux soumis à un régime (quasiment) naturel plutôt qu’à des rations concentrées ou à une perfusion de glucose.
Les résultats de la thèse montrent que les chevaux supplémentés en psyllium présentaient une glycémie moyenne plus faible et des pics glycémiques moins prononcés. Il fallait également plus de temps pour atteindre les pics de glucose. Fait intéressant, elle a également observé une diminution des taux d’insuline et de l’amplitude des pics insuliniques, en particulier chez les hongres.
Cependant, aucune amélioration n’a été constatée en termes de poids corporel, de score d’évaluation de l’état corporel (EEC), d’évaluation du chignon (Cresty Neck Score – CNS) et d’accumulation de graisse au niveau de la queue [4].
Psyllium et engraissement du sang chez les chevaux SME
Les chevaux atteints du syndrome métabolique équin (SME) présentent souvent des taux élevés de lipides sanguins, en particulier des triglycérides (hypertriglycéridémie). Cette hypertriglycéridémie peut réduire la sensibilité à l’insuline. Une étude réalisée en 2013 a montré que les niveaux de ces lipides sanguins étaient plus faibles chez les chevaux ayant reçu du psyllium comme complément alimentaire pendant un mois [5].
En bref
Bien que le psyllium semble avoir un potentiel pour moduler la glycémie et le profil lipidique chez les chevaux, son impact sur le poids et la sensibilité à l’insuline chez les sujets atteints de SME n’est pas clairement établi.
Effets secondaires
Le psyllium possède un très fort pouvoir absorbant. Administré sous forme sèche, il peut absorber de grandes quantités d’eau dans le tractus gastro-intestinal du cheval, entraînant ainsi un risque élevé d’obstruction. Il est donc impératif de mélanger le psyllium avec de l’eau avant de le donner à votre cheval. Une utilisation prolongée ou excessive peut provoquer une irritation de la muqueuse intestinale, des diarrhées et des gaz chez certains chevaux.
Les enveloppes des graines de psyllium peuvent provoquer une réaction allergique respiratoire chez l’homme. Bien que cela n’ait pas encore été démontré chez les chevaux, il semble judicieux de le surveiller [6].
En cas de doute quant à l’opportunité d’administrer du psyllium à votre cheval, il est recommandé de consulter un vétérinaire ou un nutritionniste équine. Cette précaution est d’autant plus importante si votre cheval est sous traitement médicamenteux, car le psyllium pourrait interférer avec l’efficacité de certains médicaments.
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